Mayerling by Claude Anet

Mayerling by Claude Anet

Auteur:Claude Anet [Anet, Claude]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Romans
Éditeur: Les Bourlapapey Bibliothèque numérique romande
Publié: 2014-12-17T08:53:29+00:00


Elle retourna chez Mme Vetsera le même soir et lui demanda de lui confier sa fille Marie pour faire des courses le lendemain. Il se trouvait que Marie avait, depuis la veille, déjà, pris rendez-vous chez un photographe le samedi matin. Elle s’était aperçue qu’elle n’avait pas un bon portrait à donner à Rodolphe ! La baronne Vetsera, grosse et courte personne, accueillit avec plaisir l’idée de ne pas monter les quatre étages de l’atelier.

— Vous êtes bien bonne, dit-elle à la comtesse, de m’éviter cette corvée. Voyez que Marie ne prenne pas un air trop nigaud devant l’objectif. Faites-la rire. Surtout ne la quittez pas une minute, c’est ce que j’ai de plus précieux.

Le samedi matin, la comtesse était à la Salezianergasse avant dix heures et demie. Marie rayonnait de fraîcheur et d’éclat. La comtesse lui en fit compliment devant Mme Vetsera qui regardait sa fille avec orgueil.

Dans la voiture, Marie parla peu. Chez le photographe, la séance fut longue : trois poses différentes, une en chapeau de feutre vert et jaquette de fourrure, l’autre décolletée, une troisième les cheveux dénoués.

— Comme c’est fatigant ! disait-elle à Mme Larisch. Il me trouvera laide…

À d’autres moments, elle se réjouissait à l’idée de pouvoir bientôt lui donner une photographie.

— Faites-moi très belle, disait-elle à l’opérateur.

Et elle ajoutait en riant :

— Il faut pourtant qu’on me reconnaisse.

Elle regardait sa montre à chaque minute ; on ne pouvait faire attendre le prince impérial. Enfin, elles furent à l’hôtel un peu avant midi. Elles en sortirent, sans éveiller l’attention, par l’entrée de service. Bratfisch, bien campé sur le siège de son équipage, les attendait. Au fond du sombre landau, bien qu’elles eussent peu de chances d’être vues, elles se cachaient la figure dans leurs boas.

En moins de cinq minutes, Bratfisch les mit à l’entrée indiquée de la Hofburg. Vingt pas plus loin sur la droite, une petite porte de fer bâillait. Elles la poussèrent. Dans le vestibule, Loschek les accueillit. Elles le suivirent le long de couloirs étroits, montèrent des escaliers, traversèrent des salons déserts. « C’est un palais abandonné, pensait Marie, le palais du prince charmant. » Sa confiance en Rodolphe était si grande que pas un instant elle ne craignit de faire une rencontre désagréable. S’il avait indiqué ce chemin, ce chemin était sûr.

Enfin, elles arrivèrent à une porte que Loschek ouvrit. Elles se trouvaient dans un salon de réception meublé dans le froid style des salons de la Hofburg. D’une pièce voisine, une voix vint, sa voix, disant :

— Encore quelques pas, mesdames, je suis ici.

Et soudain Marie se trouva devant le prince qui lui tendait la main. Elle le salua d’une belle révérence.

La comtesse se mit à rire.

— Vous n’auriez pas plongé plus bas pour l’impératrice, Marie.

Mais le prince sans s’occuper de sa cousine entraînait Marie vers un fauteuil, près du canapé.

— Mettez-vous là, mademoiselle, dit-il. Vous êtes si jeune que vous pouvez supporter la pleine lumière. Il y a assez longtemps que je vous admire de loin ; laissez-moi aujourd’hui vous regarder de tout près.



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